Dyslexique et fière de l’être, est-ce possible?
Voici l’histoire d’une petite fille dyslexique qui était si fière de sa première photo le jour de la rentrée des classes à l’âge de 5 ans, mais il n’aura fallu que 5 jours pour commencer à se sentir différente…!
Elle ne comprend pas les gestuels du professeur soi-disant en lien avec des lettres et des sons. De plus, il est face à elle et elle n’a pas la même perception que lui de la droite, de la gauche, du haut et du bas. Elle ne parvient pas, non plus, à coordonner ses mouvements de manière à être en phase avec le professeur.
Elle se sent vite désemparée et se demande à quoi sert l’école. Dans ses rêveries, elle imagine son professeur, clown à ses heures et cela fait rire la petite fille.
Une semaine plus tard, son père lui explique, d’un ton grave, qu’une dame va venir la voir à l’école, pendant les heures de cours, pour l’aider à lire et écrire car elle est dyslexique. Elle ne comprend pas ce qui se passe, elle comprend juste le fait de ne pas être comme les autres.
Le lendemain, la directrice vient la chercher pour la conduire à cette dame, qui se présente comme logopède, « nom bizarre », se dit la petite fille, « mais en phase avec sa bonne fée qui va la sauver » !
Et chaque semaine, le rituel est là. La petite fille, la tête haute, quitte le cours des « nuls » pour rejoindre sa bonne fée, Madame Dubois. Gauchère, sa bonne fée l’oblige à écrire de la main droite, et de gauche à droite, entre deux étroites lignes pour avoir un cahier plutôt soigné. « Etrange », se dit-elle, » mais sans doute que seuls les droitiers peuvent exister dans ce bas monde.
Après 2 ans, la logopède la quitte pour lui laisser gérer son propre destin. Là, elle se dit que la bonne fée l’abandonne à son triste sort.
De plus, ses parents continuent de ne pas croire en elle, « la pauvre petite dyslexique ». Par dépit et/ou par colère, elle s’oblige donc à maintenir son « titre de dyslexique » en présentant ses bulletins scolaires avec une moyenne de 60%, chaque année, juste ce qu’il faut pour réussir.
En dernière année primaire, marre de ce statut de dyslexique, elle décide de bluffer les profs et ses parents en offrant un dernier bulletin de 80%… Ils ne comprennent pas. Tant mieux! la petite fille, elle, comprend, c’est le principal !
A 11 ans, elle passe un test au centre PMS afin de choisir la bonne orientation d’études en humanités.
Elle comprend alors que le Centre PMS et son environnement la classent dans la catégorie des personnes dyslexiques inaptes à faire des études supérieures ou universitaires. Bref, les dyslexiques sont considérés comme des imbéciles nés !
A partir de ce jour là, elle se jure fidélité avec fierté à elle-même et infidélité aux autres en cachant sa dyslexie, et, elle décide de suivre sa propre route, celle que son for intérieur lui dicte… Ainsi démarre le parcours de la petite fille solitaire…
A la fin de ses humanités, les professeurs expliquent à la jeune fille qu’ils ne la comprennent pas. Là où les élèves réussissent, elle rate et là où tous les élèves ratent, elle réussit brillamment. Eh oui, son côté « rebelle » adore surprendre là où personne ne s’y attend !
Quant à l’examen de maturité sur un article économique, nécessaire pour obtenir son diplôme d’études secondaires supérieures, le professeur de Français vient la trouver et la félicite pour le plus beau travail réalisé parmi tous les élèves de dernière année. Voilà, enfin un sentiment de reconnaissance pour ce qu’elle fait et non pour ce qu’elle est supposée être !
Passionnée des films d’Indiana Jones, la jeune fille se lance dans les études d’Archéologie et d’Histoire de l’Art. Bien évidemment, elle choisit l’université, histoire de contredire ses parents et le PMS ! Elle négocie avec son père, une vie de kot à Louvain-La-Neuve lui permettant d’allier du concret grâce au Musée de LLN et la théorie, sans oublier les bonnes guindailles estudiantines. Mais cela, elle ne lui dit pas! Pour la première fois de sa vie, elle se sent acceptée et appréciée par son entourage en menant une vie d’étudiante fabuleuse, agrémentée de beaucoup d’apprentissages et de fous rires !
En septembre 1986, elle obtient son diplôme universitaire sans grandes difficultés. Cela perturbe fortement ses parents car les dyslexiques ne réussissent pas. Peu lui importe, elle écoute sa petite voix intérieure qui la guide vers sa bonne étoile…
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Après une année sabbatique à New-York, elle commence ses recherches, non plus avec sa fibre d’Indiana Jones, mais comme une jeune adulte passionnée par plein de choses dessinant sa carrière au fil de ses expériences !
Si aujourd’hui, je vous raconte cette histoire, c’est qu’il s’agit de Mon Histoire, celle qui me donne du Sens tout au long de ma vie.
Enfant, adolescent, et adulte, nous avons tous besoin d’être nourris par le sens, ce fameux sens qui nous fait grandir au fil des années.
Je me suis rendue compte à quel point ma dyslexie m’a donné du sens, celui d’avoir une forme d’intelligence différente de celle des autres, qu’on appelle l’intelligence émotionnelle. Une sorte de sixième sens qui vous donne des ailes au-delà des croyances socioculturelles !
Quant à ma dyspraxie liée à la difficulté de coordonner mes mouvements et de me situer dans l’espace, celle-ci n’a jamais été diagnostiquée, en tant que telle, durant mon enfance. Tout était casé dans le mot « dyslexie ». J’ai donc gardé une certaine maladresse inhérente à la dyspraxie qui me vaut régulièrement le titre du professeur Tournesol (Tintin fait partie de mes héros) faisant rire plus d’un… L’humour, voilà donc un sens bien noble!
Le CVIM,Centre de Valorisation des Intelligences Multiples à Liège, évoque même la dyslexie comme un double trésor !
Grâce à cette intelligence émotionnelle, j’ai pu « m’auto-coacher » tout au long de ma vie pour poursuivre mes rêves les plus fous en partant du bluff des profs et des parents, en passant par le parapente (avec ma dyspraxie : « Brigitte vole vers l’autre gauche! »), en vivant une année incroyable à New-York au sein d’une famille américaine formidable, en voyageant à l’aventure sur tous les continents, en construisant plein de belles amitiés, en suivant des cours de marketing digital tout en créant mon propre site web, en participant à des projets de transformation numérique au sein de mon activité actuelle comme salariée, en m’orientant vers des rôles à responsabilités tournés vers l’humain tout en collaborant avec de belles personnes et en osant enfin vous parler de l’histoire de cette incroyable petite fille… Mon Histoire !
Avec du recul, je me rends compte à quel point je suis fière d’être dyslexique, fière d’être moi tout simplement et fière d’avoir écouté mon ressenti car cela m’a guidée naturellement vers un parcours professionnel passionnant, notamment mon activité d’indépendante de coach certifié ICF. J’insiste sur le mot « certifié ICF » qui est garant du sens donné à l’identité du coach, celui qui respecte les 11 compétences de l’International Federation Coaching, tout en se formant et en se faisant superviser de manière continue.
« Coaching2bHappy », c’est le nom de mon activité à titre complémentaire créée en 2015… N’est il pas plus merveilleux comme métier, que celui d’accoucheuse de sens auprès de merveilleuses personnes qu’elles soient étudiantes ou adultes, dyslexiques ou non dyslexiques, avec ou sans troubles associés, hauts potentiels ou riches potentiels qui ont compris que c’est la différence qui fait notre bonheur? Besoin de sens ? Explorez-le.
« Il n’y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n’y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel … ». Dalaï Lama
Quant à moi, mon histoire est loin d’être finie!
Au plaisir de vous accompagner vers votre sens professionnel !
Brigitte